26 agosto 2024

"L’homme n’est pas aussi intéressant que la femme"

Entrevista de Bertrand Bouard - lexpress.fr - 27/08/2024

"Excusez mon français, il est un peu brutal", sourit Arturo Pérez-Reverte, avant d’expliquer avoir essentiellement appris la langue de Molière auprès des "chauffeurs de taxi et des soldats" côtoyés lors de ses années de reporter de guerre. En définitive, le français du prolifique auteur espagnol, qui a redonné ses lettres de noblesse au roman historique, se révèle de bonne tenue et sera usité tout du long de l’entretien accordé à l’occasion de la publication de son 29ᵉ roman, 'L’italien'. Ce récit d’aventures situé à Gibraltar en 1942 et 1943 est le premier à paraître chez son nouvel éditeur français, Gallimard, qui s’apprête également à republier en poche la plupart des titres de son œuvre ('Le tableau du maître flamand', son premier best-seller, paru en 1990, est déjà disponible). Son nouvel opus relate la dangereuse connivence entre une libraire espagnole, Elena Arbués, et un plongeur de combat italien, Teseo Lombardo, chargé d’envoyer par le fond les bâtiments de la Royal Navy. Au-delà des scènes d’action au réalisme impeccable dans les profondeurs de la baie d’Algésiras, fruit d’une documentation minutieuse, le récit creuse les thèmes chers à l’auteur, le courage, fût-il irrationnel, la relation entre la vie et les livres, les amours et leurs implications irrévocables, toutes choses aboutissant à une réflexion sur les notions d’héroïsme et d’honneur, chères à ce grand lecteur de Joseph Conrad. 

—Comment l’envie d’un nouveau livre survient-elle?

—Il y a plusieurs sortes de romanciers. Pour ma part, j’ai toujours eu beaucoup d’histoires dans la tête, dès mon plus jeune âge. Je regardais des films à la télé, au cinéma, je lisais des livres, je me déguisais, je jouais avec des amis, des frères, j’ai toujours eu une disposition pour inventer des histoires. Quand je me suis lancé dans le journalisme, c’était pour vérifier si la réalité allait correspondre à ce que j’avais lu dans les livres: si je trouverais des filles, des héros, des méchants qui ressembleraient à ceux des romans. Et maintenant que j’ai 72 ans, j’ai toujours la tête remplie d’histoires, et ce que j’ai lu, ce que j’ai vécu et ce que j’imagine se mélange. Alors, un jour, quelque chose de quasi mystique se produit, une fille qui passe, un ami qui prononce une phrase, une musique, une lecture active cette partie de mon cerveau et va déclencher le roman. Cette fois, l’idée qui m’a guidé, c’est la façon dont le regard d’une femme construit le héros. L’italien est un soldat, il ne dit rien d’intéressant, il n’est pas cultivé, ce n’est pas un intellectuel, mais il est beau et il est courageux. Elena, en revanche, a lu, elle connaît L’Iliade et l’Odyssée, c’est elle qui fait la projection sur lui et construit le héros. L’homme n’est jamais un héros complet s’il n’y a pas une femme qui le regarde. Tel était le point de départ. Je raconte ce que j’ai vécu et ce que j’imagine. C’est pourquoi je ne me considère pas comme un artiste, à la manière dont pouvait l’être mon ami Javier Marías, qui vivait la littérature de façon intellectuelle, à partir d’un monde intérieur: moi, je suis un artisan. 

—Le sens de l’honneur est partagé par nombre de vos personnages, mais un honneur très personnel, en vertu duquel on rend des comptes essentiellement à soi… 

—En effet, et il y a plusieurs raisons à cela. Je viens d’une famille où ce mot, "honneur", avait un certain sens. Il signifiait le panache face à l’adversité. La parole donnée était importante. Quand j’étais enfant, si je donnais ma parole d’honneur et que quelqu’un se moquait de moi, je me battais… Je la donne encore aujourd’hui mais plus grand monde ne le fait. [Rires.] Ensuite, les lectures. Petit, j’ai lu 'Les trois mousquetaires', un récit dans lequel l’honneur, la loyauté, la fidélité aux principes, à la patrie, aux amis, importent… Idem dans les films que j’ai pu voir enfant. J’avais donc été élevé pour être un gentleman, et quand je me suis retrouvé plus tard dans des situations qui entraient en contradiction avec ces valeurs, j’ai toujours eu comme refuge de me demander quelles étaient les choses qu’on ne pouvait pas faire et celles qu’on devait faire. Car tu es ton propre témoin, et un jour tu risques de regretter certains choix.  Comme tous les citoyens de ma génération, j’ai été élevé dans des mots grandiloquents comme "patrie", "honneur", "drapeau", "religion", "Dieu". La vie réelle a eu tôt fait de les anéantir. Et quand ces grands mots ont été détruits, il convient de construire ses propres règles. Ça a été mon cas et c’est celui de la plupart mes personnages. Ils ont dû renoncer à une idéalisation du monde et développer des règles personnelles dans lesquelles se réfugier.  

—Cela vous vient-il aussi de la lecture de Conrad? 

—J’ai lu 'La ligne d’ombre' quand j’avais 15 ans. J’étais lié à la mer depuis mon plus jeune âge: mon père, ingénieur, voyageait à bord de pétroliers dans les pays producteurs, ses amis étaient capitaines de marine, mon oncle était aussi dans la marine, mon grand-père a été marin de guerre… Quand j’ai lu Conrad, c’était comme s’il parlait de moi, je n’étais pas un témoin, mais un protagoniste de tout ce qui arrivait à Lord Jim, à Marlow… Il y a des auteurs auxquels je dois beaucoup: Dumas, Stendhal, Chateaubriand, Barjavel, Montaigne, Dostoïevski, Scott Fitzgerald, mais peu à peu ils sont restés derrière moi, ils m’ont donné tout ce que je pouvais prendre d’eux, je les ai pressés comme des citrons. L’unique qui vit toujours avec moi, c’est Conrad. Il y a deux semaines, j’ai relu pour la dixième fois 'La rescousse', toujours avec la même humilité, je prends des notes, je repère des choses que je n’avais pas encore vues… Dans mon bureau, j’ai une photo de lui, ainsi que sur mon bateau. Conrad, c’est un ami. Lui a passé trente ans en mer, moi vingt à couvrir la guerre [avant de devenir écrivain]. J’ai une bibliothèque avec 300 de ses livres, biographies, correspondance, dans toutes les langues. Un ami a récemment refait la traduction espagnole d’'Au cœur des ténèbres', et aucune traduction du premier paragraphe n’était correcte, car la manœuvre que décrit Conrad exige de connaître très bien le monde marin. Mon ami a sollicité mon aide, et j’ai proposé une autre traduction. Je suis fier de ça… 

—Vos personnages féminins sont très forts, indépendants, des femmes puissantes, pourrait-on dire… 

—Je crois que tout commence avec Dumas. Je lis 'Les trois mousquetaires', et je tombe amoureux de Milady, une femme qui se bat seule contre le monde des hommes. Ma conception selon laquelle la femme est un soldat perdu en territoire ennemi vient de là. Elle a marqué ma vie. Je n’ai eu de cesse de chercher des Milady, j’en ai même épousé une… [Sourire.] L’idée de la femme face à un monde hostile est là depuis le début. Et je n’ai cessé de l’approfondir, cette idée, dans mes romans, comme 'Le tango de la vieille garde'. L’homme n’est pas aussi intéressant que la femme. Même la femme la plus heureuse en apparence a des recoins de solitude, d’obscurité. En Espagne, j’ai subi récemment une campagne de féministes, par rapport au langage [NDLR: il a pris position contre l’écriture inclusive]. Moi, j’ai besoin d’un outil professionnel efficace, je ne suis pas prêt à me laisser emmerder pour des conneries qui n’ont rien à voir avec la langue. Mais tous ceux qui lisent mes romans savent que les femmes y sont très puissantes, en contrôle de leur existence. Dans 'L’italien', Elena devient une héroïne par défi.  

—Vous êtes un grand collectionneur de livres, comment voyez-vous son avenir? 

—Je ne suis pas bibliophile, j’ai des livres pour les lire. Il y a une vraie contraction des lecteurs. L’édition espagnole de 'La Reine du Sud' [2002] s’était vendue à 800 000 exemplaires en un an; aujourd’hui, si je parviens à franchir la barre des 200 000 ou 300 000 exemplaires, c’est un exploit. Et encore, je suis un écrivain privilégié. Le livre tel qu’on le connaît va exister encore dix ou vingt ans, et ce sera un objet pour les élites. Mais ça n’a aucune importance. L’être humain, du jour où il affrontait des mammouths, a toujours raconté et écouté des histoires. Cela élève, amuse, et cela va continuer, mais les supports seront différents. Le livre comme objet de lecture est déjà mort. Pour moi, c’est trop tard, je ne vais pas essayer de m’adapter, je descends à la prochaine…

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11 agosto 2024

Arturo Pérez-Reverte: 'El problema final'

Rafael Fuentes - El Imparcial - 11/08/2024

Quien lea distraídamente 'El problema final' quizá solo vea en él una inteligente recuperación de la novela policiaca más clásica, cuyo epicentro apunta de forma reiterativa a las míticas ficciones de Sir Arthur Conan Doyle, tratadas como su arquetipo más perfecto, ya que el investigador creado por Pérez-Reverte en este relato, Hopalong Basil, es un artista que recita con soltura párrafos cruciales del autor de 'Estudio en escarlata', del mismo modo que su ayudante y émulo del doctor Watson resulta ser un español bautizado como Francisco Foxá, novelista que asimismo conoce de forma exhaustiva la vasta producción narrativa de aquel oftalmólogo procedente de Edimburgo que se aburría en su clínica y que se hizo célebre al imaginar al detective más famoso de la historia.

Incluso la mente criminal que ejecuta los homicidios de esta última entrega de Arturo Pérez-Reverte posee también una biblioteca con las obras completas de Sherlock Holmes, y sus continuos subrayados y anotaciones en los márgenes de cada página indican no solo su memorización apasionada de los sucesos y las argucias para encubrir los asesinatos, sino también una meditación casi monomaníaca sobre los motivos, las consecuencias y la ética interna de la dialéctica entre los asesinos y los investigadores.

Así que esa lectura más cutánea y ligera de este libro nos asegura ya de por sí el deleite por la intriga de los enigmas, los desafíos a la razón y a las leyes físicas, la tensión al inspeccionar los cadáveres, los misterios que envuelven la ferocidad humana cuando esta se aplica con fría racionalidad y los esfuerzos del intelecto para deshacer los interrogantes desde pistas dispersas y llegar a conocer al fin la verdad. Los amantes del género disfrutarán además con el brillante juego que los protagonistas llevan a cabo recordando multitud de pasajes de Conan Doyle para descartar, o bien comprender, los recursos de la mente asesina cuyos delitos se consuman rindiendo sutiles homenajes de admiración al propio Sherlock Holmes. Placer de lectura asegurado por partida doble. Dos líneas de disfrute, pero no las únicas, pues el autor nos proporciona en su texto otros factores más de fruición.

Pérez-Reverte, en efecto, no se ha contentado con limitarse a estos deleites en 'El problema final', pues hay mucho más que nos invita a una reflexión más profunda que lo epidérmico. Resucitar a Sherlock Holmes y a Watson no resulta una tarea sencilla, en una época donde este modelo de novela policiaca en la que el crimen y su resolución se efectúan a través de un duelo de inteligencias ha sido en la práctica arrinconada por otro prototipo narrativo: la novela negra, donde el raciocinio muestra un escaso desempeño frente a la violencia tanto recibida como ejercida por los detectives.

Esa, digamos, resurrección del detective arquetípico adentra la narración en un terreno profundo como es el de la identidad, y en parte en la duplicación de las identidades, pues Hopalong Basil viene a ser un doble de Holmes, así como Foxá lo es de Watson. Pero aún más interesante resulta el mecanismo de cómo y por qué se adopta una identidad distinta a la aparentemente natural. El “padre” de Falcó o Alatriste hace que Basil sea un actor de teatro, quien a su vez ha interpretado en más de una ocasión a Holmes en la gran pantalla. Esto facilita la identificación. Pero no es lo sustancial. Lo decisivo y capital es que los otros, aquellos que lo han visto en ese papel cinematográfico, desean seguir considerándolo del mismo modo en la realidad, y a poco que el actor Basil se esfuerce cree de modo incontestable en esa reencarnación. La fe del grupo asigna el rol a la persona, y la persona se trasmuta en el personaje, llegando a actuar y pensar como él. A su vez, Basil concede el papel de Watson a Francisco Foxá, y se opera la misma transfiguración de identidades. Y, por cierto, al final de la narración descubriremos que el mismo malabarismo con la identidad funciona en la persona que comete los homicidios.

De todo este juego con la transfiguración de la identidad es muy consciente el protagonista, Hopalong Basil al fin y al cabo un actor-, quien nos conduce a perspicaces reflexiones sobre el tema. Al hilo de sus mutaciones del rol que desempeña, toma conciencia del inmenso poder de lo imaginario, que se superpone fácilmente a la realidad material: “Nunca hasta este momento nos dice, pese a mi larga experiencia cinematográfica, había comprendido la fuerza intensa que la ficción puede alcanzar entre los seres humanos”. Esa vida imaginaria posee el poder de rectificar y reconducir una existencia individual, o incluso colectiva. Así nos lo hace saber: “Se me ocurrió de pronto una buena trama para el guion de una película: el atraco a un banco en el que uno de los rehenes es un actor, pusilánime y cobarde en la vida real, que ha interpretado a héroes de cine, y todos esperan de él, incluso los atracadores, que actúe como tal”. Es decir, la fantasía colectiva acaba por imponerse a la forma de ser del individuo, que puede transformarse como por arte de magia. En definitiva, un caso análogo al del propio Basil-Holmes que se formula a sí mismo estas ideas.

La reiteración de este hecho, no solo en Basil, sino también y al mismo tiempo en Foxá y en el cerebro exterminador enmascarado de inocencia en una isla griega incomunicada temporalmente del resto del mundo, apunta a una conclusión más general sobre la visión del autor en torno a la antropología humana, resumida en la afirmación: “Las mentiras son más significativas que la verdad”. Es decir, la persona palabra que originariamente significaba máscara vive más de fantasías que de realidades, y esas quimeras encierran mayor peso que la verdad más corpórea y tangible. Podríamos decirlo con las palabras más poéticas y a la vez más exactas de Novalis: “La vida no debe ser una novela que se nos impone, sino una novela que inventamos”. O bien con las del novelista maldito Jules Barbey d'Aurevilly: “Se vive más en la vida que no se tiene que en la que se tiene”. Toda vida, por muy humilde que sea, coexiste con la quimera de sus recuerdos, de continuo rectificados en la memoria, sus proyectos ilusorios de futuro, las fábulas del presente que le llegan de mil lugares y ocupan el sitio de verdades incontrovertibles, las propias suposiciones imaginarias que brotan de sí mismo a cada paso. Un orbe fantasmagórico al que hay que sumar el cambio de actitud según las estrategias, los miedos o las expectativas que los demás ejercen sobre cada uno de nosotros. Todo ciudadano es siempre un consumado actor en su vida diaria, donde sus mentiras son, en efecto, más significativas que la verdad.

Quizá todas estas indicaciones que el novelista nos ofrece pudieran conducirnos al último drama de William Shakespeare, 'La tempestad', donde proclama la profunda simbiosis entre ficción y vida humana, concluyendo con aquellos celebérrimos versos donde se afirma: “Estamos hechos de la misma materia que los sueños, y en un sueño desemboca nuestra corta vida”. Cierto que Arturo Pérez-Reverte no se adentra en este itinerario casi metafísico, pero sí al menos remarca cómo el intérprete profesional, en teatro o cine, solo realiza una prolongación experta de ese rasgo de actores envueltos en fantasías que todos los seres humanos ejercitamos a diario. Al hilo de esta meditación de Basil reencarnando al legendario detective, la novela nos proporciona un elemento originalísimo, como es la autocrítica del investigador sobre sí mismo y una autoevaluación de sus virtudes y defectos. Un inesperado cargo de culpa lo hará aún mucho más interesante y veraz.

Por otro lado, el asunto de la naturaleza del histrión se encuentra muy vinculado al propio título de la novela: 'El problema final'. El comediante profesional nace en la Grecia clásica muy ligado a la figura del dios Dionisos. En parte, porque Dionisos es la divinidad que tras vivir recibe la muerte, hasta tres veces, pero en las tres resucita y recobra otra vez la vida, algo que estimulaba el papel de los artistas dramáticos para dejar perecer su propia vida y resucitar en la de su personaje, tantas veces como protagonistas debieran encarnar, para sobrevivir sucesivamente en innumerables existencias diferentes entre sí.

A su vez, los amantes del género policíaco conocen de sobra que 'El problema final' es el título de un relato corto de Conan Doyle donde este urde un atentado contra Sherlock Holmes que culmina con su defunción. Muerte heroica, pero a fin de cuentas liquidación del ya odiado personaje por el escritor británico. De forma similar a como Miguel de Unamuno señalase que don Quijote tenía una realidad más auténtica que su creador, Miguel de Cervantes, el gran narrador de Edimburgo sentía que su creación le sobrepasaba, le oprimía y mostraba una presencia mucho más poderosa que el progenitor que lo alumbró. Un propósito de exterminar a su producto imaginario que resultó por completo fútil, pues ya sabemos que la ficción vence continuamente a la verdad. Así que, con el mismo título, 'El problema final', el novelista español nos narra cómo el mito se levanta de entre los muertos y se encarna en un actor, metáfora de cómo los mitos sobreviven a cualquier intento de asesinato y resultan inmunes a los constantes empeños de acabar con ellos. Son más invulnerables que los propios dioses, ya que las sociedades no podrán sobrevivir sin sus autoproclamadas leyendas.

Al remarcar este carácter invicto del detective más clásico, la novela lleva a cabo una crítica literaria implícita. Se constata en ella la superabundancia actual de la “novela negra”, hasta inundar de tedio los anaqueles de las librerías. Francisco Foxá, narrador de profesión, lo enuncia a las claras. La obsesión por el “género negro” durará “hasta que la saturación aburra a los lectores”, algo que espera suceda pronto. La defensa de la “novela-problema” y la resurrección de Holmes representa una elegante crítica literaria ante una fórmula hinchada artificiosamente como un globo.

Aun señalando el hartazgo de esta segunda receta novelesca, Pérez-Reverte tiene la precaución de no ahondar más en la crítica o repudio de un género cultivado por narradores contemporáneos, a muchos de los cuales le unen lazos de simpatía o amistad. Pero a nosotros, particularmente, este atracón de novela negra hasta la indigestión esconde motivos profundos de una reiteración ideológica sustentada en intereses más políticos que artísticos o narrativos. El esquema de novela negra ideado por Dashiell Hammett o Raymond Chandler se sustenta en una dialéctica marxista que nos remite a la lucha de clases, la alienación ideológica, la doctrina de la clase ociosa y el desenmascaramiento de la supuesta superestructura ideológica, teorizada con entusiasmo por Karl Marx, pero que nunca convenció al propio Engels.

Los investigadores del “relato negro” concluyen siempre sus pesquisas desvelando que los verdaderos criminales son, de forma perpetua e inasequible, burgueses poderosos y adinerados que han comprado con el vil metal su buena imagen social, pero que en realidad son de antemano, y de un modo harto previsible, corruptos, perversos, inútiles, avaros, mezquinos, falsos, en una prefabricada escoria humana. Etiquetas tan predecibles como manidas. Hay, pues, muchos intereses políticos para que este esquema, ya arterioesclerótico, sobreviva hasta la náusea. Se cambia solo la careta del detective-“caballero andante” para fingir una falsa novedad: de hombre duro y silencioso se va pasando a protagonista afrodescendiente, a homosexual, a mujer, a mujer lesbiana, y así a cuantas mutaciones de la apariencia se les ocurran a los autores. Pero ya de antemano sabemos el perpetuo origen del mal: la clase burguesa dominante y los traidores desclasados que se arrodillan a su servicio. Este monotema comienza a caer en la reiteración grotesca, pese a la inyección de ideología política que trata de sostenerlo contra viento y marea.

Un Sherlock Holmes como el de 'El problema final' propone un sentimiento de culpa en el investigador, una reflexión crítica sobre sí mismo, y sobre todo una veracidad mucho más auténtica y compleja de los vericuetos mentales que llevan a una mente humana, sea cual sea su estatus social, a atentar contra la vida de sus semejantes. Todo ello nos hace disfrutar del placer de la lectura en múltiples facetas que trascienden la mera intriga. Por lo demás, al margen de los esquemas narrativos y de la personalidad de los detectives, todos estos ingredientes nos hacen pensar que la máxima atención de una novela criminal debería recaer justo sobre el propio criminal, sin primar la figura del detective. ¿Resulta demasiado ilógico pedir esto? Entrar en los innumerables recovecos de la mente homicida sin partir nunca de un estereotipo ideológico, ya tan tedioso como previsible. Un camino a seguir que abriría líneas narrativas de alentadora novedad.

https://www.elimparcial.es/noticia/273070/los-lunes-de-el-imparcial/arturo-perez-reverte:-el-problema-final.html